Par Aboubacry Kane

Aujourd’hui, les femmes entrepreneures sont de plus en plus présentes sur la scène économique au Sénégal. Bien qu’elles s’engagent dans des activités entrepreneuriales, souvent de petite taille, elles sont néanmoins confrontées à des obstacles liés à l’accès à la technologie.

Les Femmes de plus en plus entreprenantes …


Ndeye Sokhna en train de former une femme à la transformation de céréale locale.

Au Sénégal, le nombre de femmes cheffes d’entreprises a évolué au cours de la dernière décennie. En 2006, moins de 10% des entreprises dans le secteur manufacturier sont dirigées par des femmes. Les résultats du dernier recensement général des entreprises au Sénégal, effectuée par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) en 2016, ont révélé que 32% des entreprises créées appartiennent aux femmes. Cette dynamique concerne surtout les femmes âgées entre 35 et 54 ans. Cette montée en puissance des femmes est surtout marquée par une prise de conscience et une volonté de vouloir gérer leur propre affaire afin de ne pas dépendre des hommes. En effet de plus en plus de femmes profitent des opportunités du marché pour créer de Micro, Petites et Moyennes Entreprise (MPME) afin de supporter (ou de partager avec le mari) les charges familiales et sociales. Au Sénégal, comme dans la plupart des pays africains, les Micro, Petites et Moyennes Entreprise (MPME) constituent l’essentiel de l’économie. Cependant, bien que ces entreprises opèrent dans divers secteurs, en l’occurrence, agricole et agroalimentaire, elles demeurent peu productives.

…mais des contraintes subsistent

S’il est vrai que les jeunes femmes entrepreneures soient de plus en plus nombreuses et s’activent dans différents secteurs, elles font face à de nombreux défis, notamment, l’accès à la technologie et à l’innovation.

Comme en témoigne Nicole Gakou Présidente de l’Union des Femmes Cheffes d’Entreprises du Sénégal (UFCE) lors d’une interview,

« Beaucoup vous diront que le financement reste un problème. Mais pour moi le problème, c’est le développement de ces entreprises qui sont créées : comment passer de la micro entreprise à la moyenne puis la grande entreprise. En fait, développer et perdurer. Aujourd’hui, nous avons un taux de mortalité des PME extraordinaire. Au bout de trois ans, elles disparaissent. Leur pérennité passe par des produits financiers adaptés à la gent féminine. Car les femmes se tournent beaucoup vers la micro-finance qui entraîne souvent leur surendettement. »


Ndeye Sokhna travaillant avec sa machine de transformation de céréale.

Les propos de Madame Gakou sont corroborés par Ndeye Sokhna, une femme entrepreneure qui oeuvre dans le marché de transformation de céréales et de jus locaux. Elle explique qu’elle est confrontée à un manque de moyen financier pour acquérir des machines plus sophistiquées afin d’accroitre sa production et qu’elle est parfois obligée de travailler à domicile pour garder un œil sur sa famille.

En effet, au Sénégal, les obstacles financiers, techniques et socio-culturels, creusent l’écart entre hommes et femmes en matière d’accès à la technologie. Beaucoup de femme n’ont pas accès à la compétence numérique, aux outils numériques, encore moins à l’infrastructure numérique. Ainsi l’alphabétisation numérique s’impose comme un défi majeur à relever pour permettre aux femmes d’accéder à la technologie. Cette dernière est un outil nécessaire pour innover afin de s’adapter à un environnement économique en forte mutation et faire face à la concurrence qui s’intensifie de plus en plus. De plus, la concentration des technologies dans les zones urbaines où les femmes sont moins nombreuses qu’en zones rurales, constitue aussi, une contrainte spécifique aux femmes. Par ailleurs, le statut de la femme dans la société Sénégalaise, qui veut qu’elle soit épouse et mère d’abord avant d’être entrepreneure, constitue un handicap à dépasser afin de renforcer le leadership des femmes et leurs capacités entrepreneuriales.