Par Thomas Hervé Mboa Nkoudou

Je suis Thomas Hervé Mboa Nkoudou, doctorant en Communication Publique à l’Université Laval (Québec, Canada). Je m’intéresse à la contribution des tiers-lieux de fabrication numérique au développement local durable de l’Afrique. C’est dans ce cadre que j’ai entrepris d’étudier 3 Fablabs situés au Burkina Faso, au Cameroun et au Sénégal. Sur la base de mes observations de terrain, des entretiens que j’ai conduits et des documents que j’ai consultés, je vous propose cette chronique dans laquelle vous aurez l’occasion de prendre connaissance des premières impressions qui émergent de mon séjour de recherche.

 

Les Fablabs en Afrique, outils de développement durable : le cas d’OngolaFablab

La première étape de mon aventure m’a conduit à OngolaFablab au Cameroun. Situé au sein de l’Agence Universitaire de la Francophonie en Afrique Centrale et Grands Lacs à Yaoundé,  OngolaFablab fait partie du réseau des Fablabs solidaires de la Fondation Orange.

 

Un espace ouvert à tous et pour tous

Ouvert du lundi au samedi, de 8h à 16h, le Fablab accueille des usagers de tout âge (8 ans et plus). Les activités se font sans discrimination de genre, de compétences, de situation professionnelle, etc. Malgré ces prédispositions d’ouverture et d’inclusion, le profil des personnes qui fréquentent le fablab de façon régulière et permanente (plus d’une dizaine par jour) se décline comme étant une population jeune, à majorité masculine et composée essentiellement : d’étudiants en ingénierie; de promoteurs de startups; et d’enseignants de Physiques et Technologie au secondaire.

 

Des équipements de pointe, pour catalyser l’innovation 

La première fois qu’on se rend à OngolaFablab, on est frappé par la nature des équipements qui s’y trouvent. Des imprimantes 3D à la découpeuse laser, en passant par la fraiseuse numérique et des kits d’électroniques, on a de la peine à croire que tout ce matériel soit concentré à cet endroit de Yaoundé. OngolaFablab est équipé selon les standards du Massachussetts Institute of Technology (MIT) et n’a rien à envier aux fablabs occidentaux. Mais le plus étonnant, c’est la facilité avec laquelle on invite les usagers à découvrir puis, à profiter de ces appareils (si couteux). Au grand bonheur de ceux-ci (usagers) qui généralement, bien avant d’apprendre l’existence du fablab, avaient déjà leurs idées de projet à réaliser, mais ne savaient où les réaliser. Mais aujourd’hui, avec OngolaFablab leurs rêves d’innovateurs peuvent se réaliser. Comme le dit si bien le fabmanager : « Ici à OngolaFablab, votre limite c’est votre imagination ».

 

Des projets taillés aux besoins locaux

Durant mon séjour de recherche, j’ai rencontré des porteurs de projets et des promoteurs de startups, dont les idées étaient aussi innovantes que pertinentes pour le contexte camerounais en particulier, et africain en général. Ces projets concernaient des domaines tels que l’éducation, la santé, l’environnement, la sécurité, etc (objet des prochains blogues). Ils (porteurs de projets) étaient tous unanimes sur le fait qu’ils s’inspiraient de leur vie de tous les jours et des problèmes liés à leur environnement immédiat, pour démarrer leur projet. D’où l’important rôle d’OngolaFablab, qui facilite et accélère l’éclosion des solutions adaptées aux besoins des populations locales.

 

OngolaFablab, outils de développement durable

Plus haut, j’évoquais l’Openness, l’inclusion, l’équipement et les projets adaptés aux réalités locales, qui font d’Ongolafablab un véritable agent de développement durable. Cependant, Ongolafablab fait également montre de certaines particularités qui méritent d’être soulevées; afin que d’autres fablabs en Afrique s’en inspirent pour s’assurer un développement par la fabrication numérique, en phase avec le contexte et les populations locales.

  • un savant mélange des valeurs des fablabs et la diversité des valeurs culturelles camerounaises (objet d’un futur billet de blogue) .
  • les qualités du fabmanager : Écoute, mentor, maker, pédagogue, accompagnateur (objet d’un futur billet de blogue).
  • Le modèle économique et l’organisation structurelle du fablab (objet d’un futur billet de blogue).

 

S’il est vrai qu’OngolaFablab est un véritable outil de développement, il n’en demeure pas moins que beaucoup reste encore à faire pour porter des fruits à l’échelle nationale. Notamment, en termes de communication autour de l’importance des fablabs et de la nécessité de multiplier de telles structures dans tout le Cameroun. Il est également nécessaire que les politiques soutiennent ce mouvement, déjà en encourageant les institutions universitaires à se doter chacune d’un espace pareil; afin de susciter l’innovation, de pallier le manque d’équipements dans les laboratoires et finalement de joindre la théorie à la pratique dans les STEM (Sciences Technologie, Ingénierie, Mathématiques).