C’est dans un contexte réglementaire favorable à l’innovation qu’on peut trouver les solutions aux problèmes sociaux les plus pressants. Mentionnons à titre d’exemples la création de modèles offrant l’accès au matériel pédagogique, l’élaboration de nouvelles méthodes collaboratives de transfert de la technologie en vue de lutter contre les changements climatiques et la réalisation d’un travail préparatoire pour rendre équitable l’accès aux médicaments susceptibles de sauver des vies.

Or, comment favoriser la collaboration nécessaire pour faire émerger de nouvelles idées sans susciter de conflits quant aux droits qui en découlent? Où tracer la frontière entre l’accès et l’appropriation? Comment concilier le partage et la concurrence?

Considérant le savoir comme une ressource commune, le réseau Open African Innovation Research, ou Open AIR, propose depuis 2006 des solutions révolutionnaires à l’épineuse question de la propriété intellectuelle. Le réseau vient de recevoir le prestigieux prix Impacts 2023 du CRSH dans la catégorie Partenariats, en reconnaissance de son remarquable travail de promotion de l’Afrique en tant qu’acteur déterminant dans l’économie mondiale du savoir en constante expansion.

Rangée arrière, de gauche à droite :  Chris Armstrong, Chidi Oguamanam, Serge Mushinzimana, Jeremy de Beer, Nagla Rizk, Bassem Awad, Melissa Omino, Tobias Schonwetter, Victoria Schorr et Dick Kawooya. Au premier rang, de gauche à droite : Hamid Benhmade, Caroline Muchiri, Caroline Ncube et Yvonne Ndelle.

À partir de ses recherches sur le terrain en Afrique, l’équipe interdisciplinaire d’Open AIR, qui regroupe des spécialistes de renom, diffuse dans le monde entier ses connaissances et son éclairage sur la propriété intellectuelle et l’innovation. La force de ce réseau exemplaire réside dans sa volonté de tirer des leçons de l’Afrique au lieu de chercher à lui en donner. Son équipe de recherche apporte au Canada et au monde entier une vision nouvelle de ce continent généralement considéré comme une puissance économique et géopolitique émergente, et pourtant marginalisé dans la recherche et les débats politiques.

Grâce au soutien continu du CRSH, du Centre de recherches pour le développement international (CRDI) et d’autres bailleurs de fonds, les collaborations prolifiques au sein d’Open AIR ont largement contribué à une distribution plus équitable et inclusive des avantages issus des produits du savoir et de l’innovation. Plus précisément, le réseau a orienté l’élaboration de lois, de politiques et de pratiques en faveur d’une innovation plus durable et inclusive et qui profite aux populations de tous les pays, qu’ils soient riches ou pauvres. Il compte aujourd’hui des dizaines de chercheuses et chercheurs du Canada, d’Afrique du Sud, du Kenya, du Nigéria, de l’Égypte et d’une vingtaine d’autres pays africains.

Ce partenariat est dirigé par un groupe international de leaders d’exception. Les professeurs Jeremy de Beer et Chidi Oguamanam, de l’Université d’Ottawa, représentent Open AIR à titre de codirecteurs et lauréats du prix Impacts. Pour ses collègues, le professeur de Beer est une boussole qui oriente les aspects intellectuels et opérationnels du réseau. Le professeur Oguamanam, quant à lui, est une sommité reconnue en matière de gouvernance mondiale du savoir traditionnel des peuples autochtones.

Chidi Oguamanam and Jeremy de Beer

Ces deux représentants de l’Université d’Ottawa sont épaulés par le professeur Florian Martin-Bariteau, qui jette des ponts entre le Centre de recherche en droit, technologie et société et les partenaires africains, en particulier dans les pays francophones du continent. Du côté de l’Afrique, la professeure Nagla Rizk, basée à l’école de commerce de l’Université américaine du Caire, assure la liaison entre les activités d’Open AIR en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne. L’équipe de direction est enrichie de l’expertise de deux figures éminentes en technologies de l’information et en propriété intellectuelle, soit la professeure Melissa Omino à Nairobi, au Kenya, et le professeur Tobias Schonwetter à Cape Town, en Afrique du Sud. Les professeures Caroline Ncube, de l’Université de Cape Town, et Erika Kraemer-Mbula, de l’Université de Johannesburg, toutes deux titulaires de prestigieuses chaires de recherche sud-africaines, complètent l’équipe de direction lauréate du prestigieux prix.

Depuis près de vingt ans, Open AIR est le fer de lance de la réforme en matière de politique d’innovation et de propriété intellectuelle, grâce à l’intégration de ces deux domaines auparavant étudiés de façon isolée. Par le dévouement de ses membres et sa recherche participative, le réseau apporte non seulement les connaissances, mais aussi les outils nécessaires pour stimuler le changement dans l’intérêt des populations. En ce sens, Open AIR s’érige en modèle de partenariat fondé sur le respect mutuel, la réciprocité et la promotion de stratégies d’innovation collaborative ouverte qui favorisent le partage équitable et inclusif des avantages qui en découlent.

Chaque année, les prix Impacts du CRSH soulignent les meilleures réalisations de chercheuses et chercheurs et d’étudiantes et étudiants remarquables en matière d’activités de recherche, de formation en recherche, de mobilisation des connaissances et de rayonnement financées entièrement ou en partie par le CRSH. La sélection des lauréats revient à un jury composé de spécialistes de renom du milieu universitaire ainsi que des secteurs privé, public et sans but lucratif.

Les professeurs de Beer et Oguamanam acceptent le prix Impacts au nom de l’équipe d’Open AIR et, sur l’invitation de l’honorable Greg Fergus, Président le la Chambre des communes, se joindront aux autres lauréats des prix Impacts pour recevoir la reconnaissance des parlementaires lors de la période de questions à la Chambre des communes.

Toutes nos félicitations à l’équipe d’Open AIR pour cette distinction exceptionnelle!