Par Ahou Rachel Koumi

Ceci constitue la troisième partie d’une série de trois. Pour la première partie, cliquez ici.

La violence et la rapide propagation de la maladie du coronavirus (COVID-19) ont imposé très tôt aux populations les mesures strictes de distanciation sociale, la quarantaine, le confinement, et les fermetures des écoles, universités et lieux publics. Très tôt, les systèmes éducatifs du monde entier ont adhéré à la promotion des solutions numériques collaboratives résilientes pour continuer à travailler et à apprendre à distance. Parmi ces solutions, le webinaire est devenu la solution incontournable pour toute forme de réunions ayant pour visée le travail collaboratif, la formation ou le partage à distance. Pour travailler ensemble, échanger sur les données de recherche et les résultats de leurs travaux, les scientifiques de la Côte d’Ivoire ne sont pas restés en marge de ce boom du webinaire. 

Le boom du webinaire en temps de la COVID-19

Désormais intégré au quotidien des communautés scientifiques de la Côte d’Ivoire, le webinaire a substitué les colloques, ateliers, et séminaires scientifiques en présentiel. Il est courant d’entendre un collègue chercheur ou un doctorant vous dire qu’il a une conférence en ligne. S’il est vrai que le webinaire était très peu utilisé par les chercheurs ivoiriens avant la pandémie, il faut reconnaître que face au besoin de continuer à travailler, de faire des réunions, conférences, ateliers, et séminaires, nous avons assisté à un véritable boom des webinaires en Côte d’Ivoire.

L’action gouvernementale y a d’ailleurs été pour beaucoup dans l’accélération de l’adoption des webinaires par les scientifiques et chercheurs. En plus, le télétravail et les webinaires ont été promus et encouragés par le gouvernement et adoptés par les Ministères de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, de l’Éducation Nationale et de l’Enseignement Technique. De plus, plusieurs webinaires ont été organisés par les plus hautes instances de l’État, les ministères, et les institutions de référence du système de l’Enseignement Supérieur, obligeant les scientifiques ivoiriens à suivre cette nouvelle tendance. Nous pouvons citer les multiples webinaires organisés par le Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES), l’Université virtuelle de Côte d’Ivoire, l’Association des Femmes Chercheurs de Côte d’Ivoire (AFEMC-CI) en collaboration avec le Programme d’Appui Stratégique pour la Recherche Scientifique (PASRES). Aussi, la mise en place de la plateforme d’assistance numérique de l’Université Virtuelle de Côte d’Ivoire (UVCI) qui propose la formation et l’installation d’outils et de solutions de télécommunication avancées qui permettent de connecter plusieurs personnes de la communauté éducative, l’accessibilité à la connexion haut débit, les multitudes invitations aux webinaires, gratuits ou à coûts réduits, inclusifs, instructifs, ouverts à tous et sans barrières géographiques.

À tout cela s’ajoute aussi la possibilité de s’inscrire aux événements scientifiques sans obligation de visa et de voyage. Le webinaire est désormais un précieux outil de travail collaboratif expérimenté et accessible à tous. Ces webinaires révèlent un autre volet d’entraide sociale et de lutte contre les ruptures des barrières créées par la crise de la COVID-19.

Mon expérience personnelle avec les webinaires

Je suis chercheure, spécialisée en Science et Technologies des Aliments option biochimie et nutrition, avec pour domaine d’application l’aquaculture. Aussi, je m’intéresse à la valorisation des résultats de la recherche scientifique, aux outils et méthodes de l’intelligence collective, à l’innovation ouverte, et à l’Open source.

Ma première invitation à un webinaire remonte à 2011. Cette invitation, qui a porté sur les stratégies de vente de compléments alimentaires, n’a pas suscitée mon intérêt. Ce n’est qu’en avril 2020 que j’ai réellement pris part à mon premier webinaire qui portait sur « le partage de quelques enjeux autour des sciences marines participatives et l’initiation des groupes de travail pour poursuivre le prototypage de technologies open source pour l’observation des océans ». J’ai tout de suite été intéressée par les thèmes abordés et les organisateurs. Aussi, je connaissais mieux le webinaire présenté au début de la crise de la COVID-19 à la télé et sur internet comme un moyen de collaborer et de travailler ensemble à distance. Maintenant, avec la crise de la COVID-19, mon adresse mail principale affiche plus de 160 invitations à des webinaires. Ces webinaires sont d’origines diverses et abordent diverses disciplines. Aussi, mes participations aux webinaires m’ont permis de rencontrer et d’échanger avec des scientifiques et des experts de haut niveau depuis le bureau ou mon domicile. Ces échanges m’ont également permis d’acquérir de nouvelles compétences. À titre d’exemple, j’ai Zotéro ; un logiciel de gestion en ligne et gratuit des références bibliographiques. J’ai une bonne immersion dans les sciences sociales. J’ai pris conscience de la puissance du secteur informel africain et sa capacité à s’adapter et à survivre face à la crise de la COVID-19. J’ai pu prendre connaissance des décisions internationales pour une gestion durable de l’océan pour les pays en développement. J’ai rencontré via ces webinaires des experts en partenariat international, recherche et suivi de financement de projets de la science et de l’Innovation. Désormais, j’aborde les enjeux sociétaux avec un regard interdisciplinaire.